COURSE | La vie est une course folle

Ça y est! Ce qui devait arriver arriva : la vieille mémé que je suis souffre encore. Vous vous dites que vous vous en doutiez, que le cartilage de requin acheté presque clandestinement dans le quartier Chinois pour une vingtaine de dollars d'espoir n'a rien, comme vous le croyiez, de magique. Aussi, basta! de s'en prendre à cette espèce protégée. Et vous auriez en partie raison. La part de vous qui a tort, en fait, c'est votre part de santé, vous, qui ne souffrez pas d'inflammation articulaire. Ou, encore, vous vous êtes dit que l'arthrose aux genoux, il n'existe rien sauf un genou artificiel ou des injections de cortisone - et encore! - pour guérir ce mal. Et vous auriez en partie raison. Sauf que j'arguerai que je flirte à peine avec la trentaine et qu'alors, ces solutions me paraissent un peu extrêmes pour l'instant. Autant proposer que je termine en fauteuil roulant à 60 ans? Quoique si l'amour de ma vie pouvait me pousser de par le monde... Enfin, vous vous dites sûrement des tas de choses. On réagit toujours un peu trop vite. Mais peu importe ce qui vous trotte dans la tête, vous avez tort. Parce que c'est au dos que j'ai mal. Et v'lan! Dans les dents, comme dirait l'une de mes plus grandes amies. 
 
Comment se fait-il que j'aie mal à la zone lombaire? Je n'en suis pas certaine, tout comme je n'ai aucune idée de la manière dont je me suis fait cette ecchymose sur la cuisse droite. Et pourtant, un beau bleu! Je suspecte que mes sorties de course y sont pour quelque chose, d'où ce billet. Les deux dernières fois que je me suis entraînée, mes quadriceps se sont enflammés au moment des dernières foulées. Ça brûlait. En dehors des séances de power skating dirigées par cette entraîneuse un peu trop extrême, que mes ex-complices de patinage artistique et moi reconnaissons probablement tout de suite malgré cette description brève, je n'ai pas souvenir d'avoir ressenti mes muscles baigner dans ce genre de douleur. Ce n'est pas insupportable, seulement inquiétant. Qu'est-ce qu'il m'arrive? Est-ce que c'est ça, la trentaine? En suis-je déjà rendue là, moi qui s'adonnais au sport pour de très longues et fréquentes randonnées et pour qui "impossible" ne posait presque pas plus de difficulté que celle d'en surmonter le défi? Je mentionne une sensation de brûlure dans les cuisses bien que ce soit au dos que j'aie mal. Je ne m'écarte pas (enfin, pas plus que je ne le fais habituellement) or, je souligne que cette sensation m'a mis la puce à l'oreille : quelque chose ne tourne pas rond. 

Tout semble partir d'un point d'ancrage dans la colonne, s'écartant sur les muscles lombaires, puis en débordant encore davantage vers l'extérieur, au début des grands fessiers. Ensuite, le mal fait escale ; il se loge quelque part dans l'articulation des hanches avant de repartir de plus belle vers le bas, en coulant le long de mes quadriceps extérieurs. Sa prochaine escale : les genoux, où il prend le temps de bien explorer la zone. Finalement, il termine sa course en rebondissant sur les mollets et s'arrête où point le talon d'Achille. 

 
Que je sois logique... Je fais de l'arthrose précoce en raison de mon passé sportif et de ma génétique, ce qui affecte la santé articulaire de mes genoux. Et d’un. J'ai un bassin étroit et pourtant suffisamment ouvert pour que je puisse exécuter un grand-aigle (figure de patinage artistique) sans peine, mais aussi l'os fémur légèrement retourné vers l'intérieur. Et de deux. En bref, ça fait beaucoup de pression dans des genoux pas aussi forts qu'ils ne pourraient l'être (si je m'étais ennuyée à ne rien oser) et plusieurs points de torsion au niveau articulaire pour une personne aux prises avec une maladie dégénérative du cartilage articulaire. Les termes retentissent peut-être un peu fortement, mais ont au moins la qualité d'être justes. Si on remonte vers le bassin et au-delà du bassin, on rencontre la prochaine articulation qui m'inquiète : les hanches. À ce sujet, je snobe depuis quelques années les talons hauts, d'ailleurs. Vive les ballerines! Soupir. Je tombe en miettes. Et, l'endroit où communient le fémur et l'os iliaque, ben, c'est pratiquement le bas du dos, non? Il doit forcément y avoir là un lien si j'ai des raideurs de la zone lombaire au talon d'Achille. Tout semble partir d'un point d'ancrage dans la colonne, s'écartant sur les muscles lombaires, puis en débordant encore davantage vers l'extérieur, au début des grands fessiers. Ensuite, le mal fait escale ; il se loge quelque part dans l'articulation des hanches avant de repartir de plus belle vers le bas, en coulant le long de mes quadriceps extérieurs. Sa prochaine escale : les genoux, où il prend le temps de bien explorer la zone. Finalement, il termine sa course en rebondissant sur les mollets et s'arrête où point le talon d'Achille. Marcher sans boiter s'avère très laborieux lorsque de telles raideurs m’accablent. J'en ai fait l'expérience hier, au sortir du centre d'escalade (j'ai seulement assuré la compagnie). 

Par ailleurs, il faut avouer que le mal du siècle, lui aussi, y est peut-être pour quelque chose : l'ergonomie de mon poste de travail. Ben oui! C'est à peine considérable et pourtant, vrai. Diantre! Je pianote sur le clavier de deux machines : un ordinateur de bureau et un ordinateur portable, recyclé en poste fixe faute d'une batterie qui s'essouffle à un rien. C'est moi qui fume, mais ça qui manque de souffle... Pff! Dans quel monde vit-on? À propos de portable, ça me fait penser que le mien, celui-ci même à l'aide duquel je rédige ces quelques lignes commence à se faire vieux. Comme l'impression qu'une personne avec qui j'ai tout partagé s'apprête à rendre l'âme... Ça m'attriste. Mais je passerai autre chose, pas le choix : plutôt me priver d'air que de me priver d'un ordi. OK, OK, je reviens à mes moutons : mon ordinateur, au travail, est placé à la jonction de deux tables de travail pour tout bureau et le portable, lui, positionné à la droite de mon moniteur principal. Et je l'utilise beaucoup, le portable. Du coup, je me retrouve souvent en torsion. J'y ajoute le stress lié au travail (inévitable dans mon cas), et ta dam! me voici avec pratiquement un tour de rein. Soupir. Ce n'est pas fait fort, cette petite bête trentenaire là, hein? J'essaierai d'améliorer l'ergonomie de mon poste de travail lundi, après une fin de semaine presque immobilisée. 

Allez-y, c'est le moment de vous réinventer médecin. Que me conseilleriez-vous? Avez-vous, vous aussi, atteint ou presque atteint la trentaine? Nos performances changent-elles à ce point rendu là? Vraiment? Souffrez-vous aussi, parfois? un peu? ... Mon père disait qu'il opterait pour des sports de plus en plus violents en vieillissant pour éviter de dépérir de vieillesse et, plutôt, mourir d'un exploit déraisonnable. Je n'adhère pas à sa vision des choses (lui non plus d'ailleurs, si j'observe son train-train quotidien), mais... je la comprends. Plus que je n'aurais cru possible de la comprendre. 

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