RANDONNÉE | Mont Kaikoop

Chaque weekend, je sors en plein air. C'est ma pilule bonheur, c'est ce que j'aime et ce que je veux dans ma vie. 

Parfois, mon fils râle. 

"J'en ai besoin, Thomas." Puis, il finit toujours par tripper. Qu'il le veuille ou non, la pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre. 

Mon garçon et moi, on ne sort pas juste jouer dehors. On quitte la ville, notre cage à poules spottée Rosemont. On est chanceux de vivre dans un bon quartier, oui. Mais on a quand même un faible pour ficher le camp comme des ingrats. 

Randonner à pied ou à vélo, ça m'aide à décompresser. Comme parcourir les sentiers à la course ou les rivières en kayak. 

L'hiver, je chausse mes skis, mes raquettes ou mes souliers à la semelle cramponnée et à l'empeigne en Gore-Tex. Habillée correctement, il n'y a plus trop de limites. 

Toutes ces activités me permettent aussi de vivre l'intangible. Par exemple, grimper en escalade m'exerce à prendre du recul sur un problème pour trouver des solutions originales. 

J'aime bouger. 

Et j'ai besoin d'air parce que je suis un peu claustrophobe. 

En ville, parfois les gens m'étouffent. Ils envahissent l'espace. Depuis la COVID-19, c'est pire qu'avant. Peut-être que j'ai perdu l'habitude des foules. Puis, les personnalités sont épuisantes quelquefois. Soit par dépendance à mon énergie, soit par difficulté à canaliser la leur. 

J'ai toujours été de nature ultrasociable. Mais je préfère les cadres intimistes aux grands publics. 

Le vide me ressource, que voulez-vous. 

À l'extérieur, j'ai plus de place pour contempler mes idées. Ou décortiquer mon ressenti. Comme si je pouvais étaler mon for intérieur sur un grand tableau blanc. 

En écriture, j'ai de la lattitude pour structurer ma pensée. 

Mon p'tit jog matinal m'aide à faire des bouts sur les coudes durant la semaine. Comme un fix. Autrement, je perds un tantinet le Nord. 

Ça peut spinner comme un hamster sur la coke dans ma tête. Pour plein de raisons. Parce que je suis dans une réflexion stratégique. Parce qu'il y a un problème auquel je dois faire face. Ou parce que j'ai beaucoup de choses à faire. 

Mettre le nez dehors, qu'importe le prétexte, m'oblige à faire une pause. Je me recentre avant de finir désaxée. 

Récupérer, pour moi, ça passe surtout par réduire les stimulis. Il me faut souvent sortir de l'île pour y parvenir. Moins d'intensité, plus de délicatesse. Comme si les pubs Spotify jouaient enfin à un volume acceptable (c'est tellement agressant). Les subtilités de la faune et de la flore ont tendance à s'adresser à ma grande sensibilité d'une voix douce. Ça repose mes sens aiguisés. 

Ficher le camp permet aussi de fuir les masses. Comme si je m'extirpais de l'étreinte étouffante d'une matante collante. C'est dur pour moi de me sentir un peu toujours sollicitée. 

Mais l'interdiction officieuse de sortir de notre zone rouge, c'est l'une des restrictions qui me pèsent le plus. Pognée en milieu urbain, je ne peux jamais recharger mes batteries complètement. 

Les fins de semaine d'automne, j'aime marcher dans le bois. Ces pèlerinages hebdomadaires font partie de ma routine santé. Quand je prends des grands bols d'air frais, ma vie entretient sa capacité à savoureur tous les parfums. 

Commentaires

Articles les plus consultés