ALLÉGORIE | La formation professionnelle par le sport
En spinning comme en entraînement par intervalles en course à pied ou encore en course en sentier, il faut savoir gérer son énergie et récupérer en action pour pouvoir continuer.
En spinning, je redresse le dos et je détends les bras, allongés le long de mon corps en retournant les paumes vers l'avant et en pointant les pouces à 90 degrés vers l'extérieur pour évacuer les tensions. Ou je pousse sur des kilomètres en dirigeant mentalement l'oxygène dans mes muscles au fur et à mesure que j'inspire en pédalant pour liquider l'acide lactique.
Lorsque je fais des intervalles avec la gang de coureurs les Pélicans de Rosemont, je "triche". C'est-à-dire que je me donne rarement à fond, gardant toujours du jus en réserve pour clancher un éventuel adversaire. Le coach s'en rend compte parfois. Je suis aussi de ceux et celles qui gardent le contrôle, qui peuvent sourire à leurs supporteurs à la fin d'une course sans vomir à la première poubelle. Peut-être qu'en fait, je ne donne juste pas mon 110%.
Les quelques fois où j'ai le bonheur de courir en sentier, je prends ça mollo. J'essaie d'apprivoiser les descentes et de profiter d'elles pour me propulser gratuitement sur quelques mètres. Je reste toujours en-dessous de mes performances en course à pied sur route comme si je me tenais prête à réagir à la surprise d'un ours. En fait, en sentier, le défi est tout autre et mes jambes y sont moins habituées. Il faut être indulgent, prévoyant; avoir une vision à long terme.
Toutes ces expériences sportives sont équivalentes à me faire confier beaucoup de responsabilités dans une équipe de travail. Et j'ai cette opportunité actuellement. Ma seule to do véritable est de gérer mon énergie. Je dois savoir me reposer tout en persévérant pour demeurer performante, agréable et reliable. Je travaille en anglais, pardon si les mots ne me viennent plus toujours en français. Je me trouve chanceuse, surtout pour quelqu'un qui apprend a priori par le ressenti, d'avoir ce bagage pour m'aider à m'adapter aux réalités professionnelles.
Je pratique aussi l'escalade de voies et de blocs, surtout à l'intérieur, depuis mes 17-18 ans. J'en ai 37. Bien sûr, il y a des moments où je grimpe moins souvent, comme en ce moment. Mon type d'entraînement varie aussi selon la disponibilité des assureurs de confiance. D'ailleurs, je fais dorénavant avant tout du bloc. Cela dit, j'ai grimpé régulièrement en voies avec mon ami Seb, le chum de ma cousine, mon ami David, ma collègue Isa (oui, ma Ninjamie), le père de mon fils et mon ami Fred aussi. J'ai depuis apprivoisé la solitude collective de Bloc Shop, destination fréquente, et j'aime bien ça. Notamment parce que je n'ai pas besoin de traîner tout mon bardas : baudrier, cordes, mousquetons, craie, ruban thérapeutique, brosse à dents, briquet, etc. Casque et compagnie, si je vais toucher de la roche à l'extérieur.
Là où je veux en venir, c'est qu'en somme je m'exerce depuis 20 ans à prendre du recul devant un problème, littéralement, et à trouver une solution originale. Parce qu'on grimpe avec le corps qu'on a, ses forces et ses faiblesses. On travaille avec le lot de compétences et de qualités qu'on a plus ou moins naturellement. J'apprends à lire les voies un peu comme j'apprends à comprendre les collègues et les dynamiques professionnelles. En tant que consultante, je devais rapidement évaluer les situations de travail. En kayak, c'est la même chose : il faut lire la rivière.
En ces temps d'isolement COVID, ça me manque d'avoir cette pratique concrète pour me forcer à mettre les choses en perspective. Pour réussir à le faire tout de même, je sors marcher. Je m'octroie le droit d'avoir l'air fou, perdue dans mes pensées et submergée par un tourbillon d'émotions auxquelles je laisse libre cours afin qu'elles me guident vers des décisions qui - au moins - ont du sens pour moi. Dans le doute, et on nage souvent dans le flou océanique, il faut avoir la conviction de ses actions, au minimum. Sinon, comment se propulser? C'est la même chose en trampoline ou en patinage artistique : un moment donné, il faut se lancer, un point c'est tout.
J'ai besoin de déconnecter pour "kicker des culs", dommage que nos heures de repos ne soient pas considérées comme du temps de travail. Ma job m'habite un peu comme mon rôle de mère. Parce que, sans me définir, mon emploi me fait sentir connectée au reste du monde en ayant un rôle à jouer dans ce théâtre humain. Mon fils aussi. Je me sens évidemment encore mieux quand le casting me convient; je ne suis pas le genre mère au foyer ni l'exécutrice des idées des autres uniquement.
Pour avoir vécu des expériences formatrices dans des milieux qui ne me convenaient pas toujours et pour avoir également vécu des moments de bliss dans des équipes avec lesquelles je me sentais bien, je me sens submergée par la gratitude parfois, souvent dans mes nouvelles fonctions chez mon nouvel employeur. Mon rôle va-t-il continuer d'évoluer dans le même sens que mes ambitions? 🤷♀️
En toute franchise, je dois avouer que l'âge m'aide à savourer ma chance. Moi. Peut-être que, vous, vous n'avez pas besoin de cumuler les années pour vivre une certaine maturité. Tant mieux.
Qu'il pleuve ou non, j'y vais.
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Eille, t'as-tu le goût de commenter? Parce que, moi, j'ai envie de te lire en titi : lâche-toi lousse, mon chum.