Comment c'est, sauter en parachute sans avoir le vertige?
Encore, je suis tombée sur le récit d'un saut en parachute. Cette fois-ci, la narration m'a donné l'impression d'avoir manqué quelque chose. J'ai moi-même sauté en parachute l'été 2002, mais sans vertige. Peut-être que c'est l’expérience que j'ai loupée.
C'était l'anniversaire de Laureline, la spécialiste en gymnastique d'EDPHY Longueuil. Nous travaillions dans un camp d'été pour enfants sportifs, Laureline et moi. Beaucoup de parents profitaient de la formule sports pour y envoyer, à grands frais, leurs petits hyperactifs sans médication. Moi, j'étais la spécialiste en cirque. J’avais la responsabilité du plateau de cirque et gymnastique. C’est-à-dire que Laureline et moi travaillions ensemble, mais qu’un cas de colonne aurait été ma responsabilité.
Ma collègue et moi nous étions liées d’amitié. Elle m’avait invitée à joindre ses amis pour souligner ses 18 ans en parachute à Nouvel Air, Farnham.
Est-ce que j’ai hésité? Oui. La chute libre de 14 000 pieds coûtait 400 $. En 2002, c’était presque mon salaire hebdomadaire (et j’étais bien payée). Est-ce que le saut me faisait peur? Non. Pour moi, trapéziste, c’était juste une expérience aérienne de plus. Est-ce que mes parents étaient inquiets? Probablement. Mais ils avaient appris à ne pas regarder et à souhaiter que tout se passe bien. De toute façon, j’avais 19 ans et la tête très dure.
Je ressentais la fébrilité des autres. Je voyais les parachutistes tomber délicatement du ciel comme de gros papillons Morpho bleus. Je n’avais jamais entendu parler du centre de parachutisme Nouvel Air. Je devais signer plusieurs décharges, qui me faisaient comprendre les risques de l’expérience. Je voyais l’avion décoller et aller cracher son équipage au-dessus des nuages. Pourtant, je ne me sentais pas particulièrement nerveuse.
Il faut dire que j’ai été gâtée par le hasard. Mon instructeur de parachute s’est révélé être Jack. J’avais l’habitude de mettre ma vie entre ses mains, car Jack était le catcher avec lequel j’avais le plus travaillé en trapèze volant. Pendant trois ans, il m’avait dit «hop» et attrapée au vol à 25 pieds du sol.
Nous sommes montés à bord de l’avion. En toute franchise, j’ai plus peur des vols aériens que des chutes libres. Jack et moi avons laissé sauter Laureline et toute sa bande. Jack m’a proposé de «courir» et de nous jeter dans le vide. YAHOU!!! Durant la chute libre, nous avons fait des front flip avant de nous stabiliser en position ventrale.
Je n’avais pas l’impression de tomber, mais plutôt de flotter. Le roman de Colleen Coleman (For Once in My Life) explique bien la sensation : «I thought I’d feel like I was plummeting to the ground, but I don’t. I don’t even have the feeling of falling. The world is so far away, and the wind resistance is pushing up against us, holding us, it feels like we’re just floating in place.»
Pendant cette quasi-expérience d’apesanteur, Jack m’a montré comment effectuer des rotations en utilisant mes bras. Je ne me rappelle pas avoir vu le sol arriver à toute vitesse. J’étais trop occupée à planer comme un oiseau. J’ai adoré mon expérience. Si bien que je ne voulais pas ouvrir le parachute (Jack m’avait partagé cette responsabilité) : «Open, Cath. OPEN!!!»
Quand la voile rectangulaire s'est déployée, l'effet de freinage a été si puissant que j’ai eu l’impression de partir vers le haut comme le jet d’un geyser. Ensuite, Jack et moi sommes descendus doucement au sol. Nous avons atterri en courant pour amortir l’impact.
C’est l’atterrissage que je craignais davantage. Les mauvais landing font, eux aussi, partie de l’acrobatie et sont, de loin, beaucoup plus effrayants que les hauteurs vertigineuses.
Tout s’est bien passé. Je n’ai pas vu ma vie défiler sous mes yeux. Je ne me sentais pas plus courageuse qu’avant de sauter non plus.
Je n’ai jamais resauté en parachute, a priori parce c’est une expérience dispendieuse. J’ai par contre fait du saut à l’élastique, du parapente, de la via ferrata et de l’escalade de voies. Et, si j’ai le trac en bungee, je n’ai toutefois pas le vertige non plus.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Eille, t'as-tu le goût de commenter? Parce que, moi, j'ai envie de te lire en titi : lâche-toi lousse, mon chum.