La voix de la maturité

On nous a vanté les vertus du transport en commun, mais nous avons fait la sourde oreille. Maintenant, vaut mieux mouliner gentiment à vélo pour réduire les émissions au maximum. Alors, c’est ce que je fais : j'enfourche mon cheval d’aluminium pour dévaler vertement jusqu’à ma toute première séance d'entraînement de Ultimate sur le Plateau.

Beurrée de chance (la comprenez-vous ?), tachée de gazon et de terre, en voie de bleuir et éclopée du genou, bref quelque une heure et demie plus tard, je remonte vers une douche bien méritée. Sur ma route, je fais néanmoins un arrêt nécessaire au Provigo (manque de gaz). Je paie un rien pour un lunch soutenant que j’avale à l’italienne, en marchant, et remonte en selle. J’ai la bougeotte, pensez-vous ? Je citerai ici la mère : « T’es p’t-être pas hyperactive, mais t’es superactive en tous cas ! » On s’assagit en vieillissant, tout de même.

Je gravis avec détermination la Côte-Ste-Catherine, le dérailleur coincé obstinément à son pédalier le plus grand. Soupir. Mais, je roule. Une dame me dépasse. … Je mets mes œillères invisibles pour me concentrer de toute mes forces sur ma propre performance, mais je vous avoue être en proie à une grosse poussée d’orgueil. Non ! Mes séances de jogging en sont finalement venues à bout ces derniers hivers (je préfère courir en saison froide). Il m’a fallu des années avant d’enfin réussir à me dompter. Dorénavant, j’accepte qu’on me surpasse.

Quelques mètres plus loin, voilà ma mesure récompensée : la dame, rouge d’épuisement, bat en retraite. Gardant la cadence, je la dépasse comme un rien. Tiens ! concurrente urbaine involontaire !

Ma maturité n’aura jamais aussi bien servi mon immaturité.

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