Se rouler un p'tit canal Lachine

Chaque année, c’est la même rengaine : on déménage ! Et ça me prend aux tripes. L’angoisse ne fait qu’une bouchée de moi. J'ai donc d'autant plus envie de donner la main à mon ami, mon amant, mon confident, bref mon vélo et de m’enfuir loin de mes stress quotidiens. Peugeot d'amour, évadons-nous !

J’ai tout l’après-midi à moi. Quoi de mieux, alors, pour me «m’rouler un p'tit canal Lachine» ? Le vélo, c’est ma drogue. Après un détour curieux dans les ruelles du Plateau, j'emprunte de manière très responsable (fait surprenant!) la piste cyclable pour me rendre à mon point de départ habituel: le Vieux-Port. Et il y a foule !

Parmi la masse, s’entasses maintes jambes et maints torses dénudés. À mon avis, tout ce beau monde trop optimiste parce qu’un rayon de soleil annonce l’été aura une grippe carabinée lundi matin, au bureau. Un vieil homme au duvet de poitrine gris ne fait pas exception à la règle… Sauf que ! Il se démarque par une poussée d’une assurance impressionnante. D’ailleurs, il maîtrise l’art du patin à roues alignées, dirais-je, d’un pied de fer dans un bas de velours ! Tout à coup, il «lève une patte en l'air» comme le dirait si joliment ma mère. Une arabesque ? Hum… presque. La tête blanche exécute un mouvement sans nom digne d'une Corina de onze ans à l'occasion des Jeux olympiques ! Le patineur senior, qui en outre pourrait être un descendant direct de Gollum, me décroche la mâchoire et, d’ailleurs, celle de tous ses spectateurs. Puis, l’énergumène change ensuite de carre et exécute un bracket parfait ! Je réitère: en patins à roues alignées !

Je suis en colère contre moi parce que je ne possède plus, depuis cet hiver, d'appareil photo. Si je qualitfie volontiers cet artefact de «détestable», je peste cependant de ne pas en avoir eu un sur moi afin d’immortaliser cette démonstration d’habilités unique. Peut-être me faudrait-il reconsidérer le kodak…

Commentaires

Articles les plus consultés