New York City, 24 heures top chrono

Après un trip d’escalade à Kamouraska en 24 heures, comment pouvions-nous, mon copain et moi, réinventer l’art de l'escapade impossible? En profitant du passage d’amis Français pour aller croquer la grosse pomme du marketing, New York, le temps d’un week-end. 
Nous avons levé le frein à main vers 20h, après avoir fait nos valises et cherché en vain un lave-auto. Sales pas sale, c'est un départ! CC (qui ne fait pas référence à «Coco Chanel») programme sa play-station-dans-la-voiture, comme appellerait Foresti un système de navigation par GPS. Ce dernier s'empresse de nous avertir que notre route comprend des arrêts à payage. La porte est grand ouverte, et je prie Dieu, s'il y en a un, de bien vouloir mettre un squeegie sur notre trajet afin que je puisse assouvir mon envie irrépressible de faire une blague. Mais pas de chance. Pas de bol non plus (et encore moins de fourchette). DJ Gallet a déjà faim.
Qu'on s'autodigère, car notre première escale s'avèrera les douanes de Lacolle. La grosseur du lettrage nous signale que nous avons bel et bien atteint les «UNITED STATES OF AMERICA», pays où la demi-mesure n'existe apparemment pas. Heureusement, on (dans ce cas-ci, «on» exclut effectivement la Québécoise qui parle) passe aux douances rapidement. C'est inouï! L'agent, pince-sans-rire, profite de son autorité pour se moquer de nous et nous servir notre premier choc culturel...
- Douanier: Is he/she your husband/wife? How long have you been dating for?
- Moi:
He's my boyfriend. We’ve been going out for about a year and a half. Is this enough (pour en finir au P.C. et franchir les lignes)?
- DJ Gallet:
We’ve been going out for 12 years now. And she’s pregnant with my child.
- Douanier:
Isn’t she good enough and doesn’t she cook well enough for you to marry her?
Note au lecteur: pas de «/he».
- DJ Gallet et moi: ... (Effet sonore d'un choc culturel.)
Tout le monde s'esclaffe, quoique certains rient jaune. Mais bon, personne n'est vert. Ni bleu d'ailleurs. Sauf l'agent du stationnement qui, faute de ne pas encore avoir été promu, peut-être, déverse sa frustration sur CC et moi en nous urgeant d'éteindre notre cigarette immédiatement ou de nous asphixier dans la voiture en partant, clope au bec, sur-le-champ. Après avoir considéré avec beaucoup d'amour l'ange auréolé en cloque qui nous accompagne, nous avons opté pour une solution logique: terminer notre bâton de nicotine calmement, puis repartir. L'autre, il peut toujours s'égosiller.
C'est un nouveau départ. La route déserte et plane (rareté au Québec) donne envie de peser sur le champignon. Malheureusement, on se fait prendre. Un moustachu coiffé d'un chapeau comme ceux que porte la police montée nous accoste, main tremblottante sur son arme et accent impossible plein la gueule. Même moi, je n'y comprends rien. On roulait trop vite. J'argue que nous n'avons pas de cadran en miles. It's ben, ben fine, 300 $. Le policier nous indique donc l'équivalence à respecter. Saviez-vous que, quand on se prend un P.V. aux «States», il faut d'abord plaider coupable pour connaître le montant de l'amende? Futé, ces «Américains», non? Presque. Si on veut acheminer notre paiement par contre, aucune adresse n'est indiquée sur la contravention. Ça, c'est pas mal moins futé. 
Nous roulons jusqu'à NYC avec le pilote automatique, ce qui ajoute plusieurs heures de GTI mobile feat. DJ Gallet à notre voyage. Nous sommes à bord d'un bar à quatre roues qui n'ouvrira ses portes qu'à 5h du matin, lorsque nous arrivons à Manhattan. Je vous l'avais déjà mentionné: l'aventure, pour CC et moi, ça commence toujours au moment où nous posons les fesses sur le siège et non à destination. 

Sur le trajet, nous observons des tonnes de bêtes en bordure de la route: des cerfs et des lapins, surtout. Je jubile. Le conducteur, lui, ne partage pas du tout mon enthousiasme.
Le plan initial prévoyait balancer notre bardas à l'hôtel, puis sortir faire la tournée des bars underground. En réalité, je suis montée à la chambre mourir jusqu'à midi le lendemain, abonnant même mon équipage. Et, franchement, c'était savoureux: faire la grasse matinée et m'éveiller, seule, sauvage, dans la sereine certitude qu'aucun objet familier ne me rappellera mes tâches ménagères... du bonbon! J'ai pris une douche interminable (sans pourtant réussir à venir à bout de l'eau chaude), puis je suis sortie m'acheter un café au Starbucks. Mon plan: le boire tranquillement en lisant un essai d'Hubert Reeves sur l'environnement. Full urbaine, la Montréalaise? Pas trop, non.
Mes motivés et moi, la paresseuse, nous sommes rejoints pour «déjeuner» (dans mon cas, sans guillemets) avant de parcourir une partie de la ville à pied. Nous avons fait les boutiques Converse et Adidas. Je dois admettre ne trouver encore aucun charme au centre-ville crasseux de cette métropole criante, mais être néanmoins encore et toujours conquise par Greenwich Village, Chelsea et Soho. J'ai hâte de rouler les 5 Borroughs, un jour. Vers la fin de l'après-midi, nous avons fait l'aller-retour New York-Staten Island en ferrie au coucher du soleil, moment magique. 
Ce soir-là, nous avons trinqué au Blind Tiger Ale House, compliments Bourgault. Ce dernier, collègue, est un passionné de bière. Depuis que je le connais, CC et moi ne fréquentons que les pubs recommandés par Sir Bourgys. Et jamais nous ne sommes déçus. Jamais. 
Le lendemain, déjà, nous devions lever le camp. Étonnamment, nous avons retrouvé la Volks où nous l'avions laissée, sur la rue, dans un espace de stationnement gratuit qu'un portier louche nous a indiqué le matin de notre arrivée, 36 heures plus tôt.
Si on me demandait: «Qu'est-ce que vous avez fait à New York?» Moi, en tout cas, je n'aurais pas le choix de répondre, grosso modo: «On est allés ben, ben loin. Pis on est revenus.» Mais c'était ben l'fun. Bref, NYC, on est fans, comme dirait DJ Gallet.


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