VÉLO | Initiation au vélo de montagne ou quelque chose à se mettre sous la dent

Dans la veine des choses que je me suis longtemps promise de faire, il y a : le vélo de montagne. Ça s'est enfin passé, le week-end du 25-26 mai à Coaticook. Mon manteau sent encore le feu de camp, mon avant-bras droit fait encore mal.  

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Une expérience intense? Oui, bien sûr. Ou plutôt riche en émotions et en apprentissages; de quoi me régaler.  

M'initier à ce nouveau sport me fait prendre le pouls de ma personnalité véritable : je doute de tout, tout le temps et surtout de moi. Pas une prédisposition gagnante. 

Heureusement, j'ai en back pocket le défaut pratique de refuser d'être vaincue. Facque, la Filet mignon...? Comme aux cartes, je prendrai ma revanche. Entretemps, je joue mes atouts les uns après les autres usant de stratégie. Pas le choix, j'ai une mauvaise main. 

Ça ne veut pas dire que je gagne. 

Mais avant d'attaquer la pièce de résistance, revenons à ce qui avait mis la table.

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Le plan, c'était de profiter de notre engouement respectif pour le plein air, à lui et à moi. L'arnaque, c'était de découvrir ce gars-là hors des quatre murs de son ancienne vie sans être à l'étroit dans le bordel de ma transition. (Vive les séparations...) Le prétexte? Essayer son dada. 

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Est-ce que j'ai le trac? Oui, un bon stress. Le genre qui mélange ''j'ai peur de me casser la gueule'' et ''j'ai hâte d'aller jouer dehors à bras le corps avec l'arrière-pays''. 

Arrivée le vendredi soir, je monte illico le Specialized. C'est... mou et léger. L'impression de rouler dans de la crème fouettée. 

Le lendemain matin, drôle de cocorico, les bernaches se répondent sur la rivière. À un volume d'enfants de la garderie. Semi-charmant. Je me lève de bonne heure, comme d'hab, prête à frapper un mur, les doigts croisés. Comme d'hab. 

Je sais d'instinct qu'il me faut emporter beaucoup d'humilité. Je prévoie aussi pogner les nerfs. Parce qu'on me trouve vite quand je galère. Si ça faisait moins d'années que je m'endure, je montrerais peut-être même les dents.

Mais j'ai 35 ans d'expérience.

On se met en jambes avec une piste facile, pas mal plate. Moi, je m'attendais à de la roche, des racines, des ponts... Mais l'Équestre, c'est un sentier de terre battue. Parfait pour apprendre à grimper des virages en épingle et faire de la vitesse. Mais ça, la vitesse, c'est out of scope, comme on le rappelle parfois aux clients à l'agence.

Je préfère les intermédiaires, plus techniques. Tous mes sens en éveil, je n'ai par contre plus d'oreille pour les conseils. Il faut me ficher la paix quand j'explore de nouveaux horizons, je "feele" les choses comme une artiste. 

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De mémoire, il me semble avoir gravi la Maudite côte (ou la "Marmotte" pour les intimes), tricoté de plaisir dans la Diagonale. Ensuite, la Ruisseau et probablement les Septs sauts. J'ai suivi le pro dans l'experte Stairway to Heaven 🤞 en passant par la Bamby et la La-la-la bamba. Ça valait le coup de se taper les dénivelés serrés parce que je tripe à dévaler la Descente du kilomètre. Sauf qu'à partir de là, je commence à rouler à sec. Mais je continue : la Point de vue, les Alpes et la belle petite Piste du chevreuil. Mon corps me parle : des douleurs au poignet droit, du mal à tenir mon guidon. Mais on arrive aux favorites de mon guide. Alors, j'en remets une couche (de trop) : l'Épineuse sensuelle. 

Puis, on fait une pause au belvédère. Ça m'aide, ça me tue.  

Et ça repart! On enfile les dernières : l'Express, la Filet mignon et la Grande finale. Je n'ai vraiment plus de jus. Mon ''mental'' lâche, et je m'en rends compte. Je redescends sur terre plusieurs fois, littéralement. La Filet mignon me fait un effet bœuf, quoi. Au point où je prends une grosse décision : j'opte pour un shortcut vers la sortie dans la Grande finale. 





On est restés dans le bois deux-trois heures. Méchant baptême de vélo de montagne. 

Je suis TORCHÉE. Après la dernière piste, je vais faire un peu de roue libre pour me détendre. Aaah! De retour au camping, je me restaure puissance mille et je m'endors une trentaine de minutes.

Au réveil, j'ai de l'appétit pour de la course en sentier. Mais ça ne me paraît pas raisonnable. Alors, je... vois ce qui arrive. 

Pendant que je dormais, ça se faisait des cabanes avec les bâches en prévision des pluies annoncées. Les vélos transformés en escabeaux, ça encorde bien haut dans les arbres - j'adore.

Sauf qu'on se retrouve rapidement ''dedans'' dehors. Facque je fais un feu qui boucane. J'emporterai avec moi ce bon souvenir parfumé, tenace - mon campeur de fils est vert de jalousie. 😛

Le bidon d'eau se change en bouteille de vin, Jésus peut aller se rhabiller. La barre protéinée à la farine de grillon à moitié grignotée de Mon Plan d'homme (chacun ses défis) prend la forme d'une fondue. Du gros "glamping" sale. Pas trop dans mon ADN, mais...

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Le ciel nous tombe sur la tête toute la nuit, c'est dégagé au matin. Parfait! Pas d'oiseau pour déranger notre sommeil, juste de la belle trail boueuse. Glissant pas glissant, j'arrive. Je tiens à remonter en selle, histoire de faire un peu de repérage et de consolidation d'acquis. 

Et je VEUX remanger de la Filet mignon. 

Mais on repart en direction opposée, vers le Nord, en faisant au passage le Tunnel des amoureux. Et, puisqu'on y est, je redonne une chance à l'Équestre. Je la trouve encore plus banale; il me faudra accélérer ou revenir avec mon kid (tellement dans mes plans). 

On refait une bonne couple de pistes de la veille. Mes ''vas-y, laisse-moi de l'espace'' deviennent des ''check, check, check!'' Sauf que mes cuisses cuisent de temps en temps. 

Bref, quand on finit enfin par arriver où je voulais en venir, la force musculaire manque un peu au rendez-vous. 

Le "steak" a le dessus sur moi : je glisse. Ben oui, il tombait des cordes la veille. Ça vire pu ''d'ssur'', comme il dit, ça dérape de côté. Bing, bang! Kadaboum! Le vélo comme une couverte, l'avant-bras droit qui je-sais-pas-quoi. Ayoye.

Tout de même, je termine en lionceau en enchaînant la Grande finale, que j'ai boudée la veille. 

Je l'ai fait; j'ai essayé le vélo de montagne. Pas à Burke (encore). Mais... Et j'ai aimé ça. J'attends juste que mon bras guérisse. En plus, il semble que j'aie accès à un beau Devinci jaune soleil. Et un partenaire TRÈS motivé.

À suivre.

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