VÉLO | Osti, bonne fête des Pères.

J'ai une seule soeur - en fait, une demi-soeur dans une grande famille reconstituée. Nous sommes 8 en tout. Jupon a 16 ans, soit 19 ans de moins que moi.

Aujourd'hui, elle et moi avons souligné la fête des Pères. J'ai roulé un 80 km avec notre papa. Lui et moi avons bu une bière en rentrant (vous comprendrez pourquoi) et nous avons - mon fils, ma soeur et la grand-mère et moi - partagé un repas en famille. Même le chien a eu le droit à sa grillade.

Puisque cette journée était la sienne, à mon cycliste préféré, nous nous sommes aventurés sur l'un de ses trajets favoris près de Montréal : la voie cyclable qui longe le fleuve jusqu'à Sainte-Catherine. Un 80 km en partant de Boucherville, ou du Vieux-Rosemont dans mon cas.

Très joli.

Durant toute la randonnée, mon grand complice d'antan me microgère comme s'il roulait avec son peloton : "tourne à gauche, à droite... ralentis, non! accélère... fais attention à ceci, à cela..." Et "blablabla", comme aurait dit mon garçon. Pour tenir le coup, j'ai fini par ne plus l'écouter, le père. Trop d'info, c'est comme pas assez.

J'aurais été le genre à mentionner que, tsé... mais j'ai choisi de ne rien dire. Je lui ai fait ce cadeau immense : de le laisser tout contrôler. Vas-y, mon papa un peu toqué, je t'aime comme ça. Et je suis fière que tu "rockes the shit" avec moi encore à bientôt 65 ans. J'espère vieillir en beauté, comme toi.

Si bien que... j'ai roulé dans sa roue de A à presque Z. Je n'ai pas été fidèle à ma nature de chat indépendant, je me suis transformée en meilleure amie de l'Homme.

Je l'ai suivi pendant 4 heures. Il m'a tirée sur une vingtaine de kilomètres après la mi-temps.

Du pays, on en a vu : une dame noire porter sur sa tête enrubanée un colis, deux compères de plus de 70 ans se proposer une pause de course à pied parce qu'il en restait "encore 55" 😱, une fillette asiatique faire du step énergique dans un parc municipal, un triathlète métronome courir derrière une jeune désinvolte à la queue de cheval qui bat au vent (et probablement des ressorts sous les pieds)...

Au bout du monde, au Récré-o-parc, mon pas-nomade-du-tout a déclaré qu'on n'avait pas besoin d'aller très loin pour camper. 🤦‍♀️ Je dirais qu'effectivement, le dépaysement habite chez le voisin - et j'adore ça.

Bref, une belle randonnée riche en multiculturalisme, en éléments de croissance personnelle et en décors riverains enchanteurs. Jusqu'à ce que...

Sur le chemin du retour, littéralement, arrive mon point de chute. Nous sommes "chez nous", à Boucherville. Nous venons de passer le quai du club d'aviron. Nous cheminons vers Montarville - en tous cas, moi, c'est mon itinéraire habituel.

Mon père me signe un enième je-sais-pas-quoi et s'arrête net. Avant Montarville. 😖

Je vous l'ai dit : j'ai le nez dans la fenêtre. Ish! je "crisse les breaks". Oh! je me retrouve en pseudo-équilibre clippée à mon bike. Bang! je tombe. Dans la rue. Au moment où une voiture passe. Avec mon super cadre Marioni en acier Columbus. Sur mon poignet qui ne fait plus mal depuis à peine 3 jours. 😖😖😖

"- POURQUOI TU M'AS FREINÉ DANS FACE DE MÊME!?!?!?

- Mais... je t'ai dit que..."

Ben oui. Je ferme ma gueule, les yeux. Et je ravale ma colère, mes larmes. Quand la douleur se dissipe enfin, je remonte en selle. Sans un mot de plus.

Mon père me laisse de l'espace, ne gesticule même plus. Après 2-3 kilomètres, il me rattrappe.

"- Es-tu correcte?

- Oui, c'est pas grave. Ça arrive. Mais j'vais prendre 2 Advil pis une bière en rentrant. 😉"

Il n'a eu que cette version de l'histoire. Mon bébé soeur, elle? Tout le paragraphe, avec son et lumière. She's always been the bigger person anyway.

Bonne fête des Pères, papa. C'est tout ce qui compte. xx

Commentaires

Articles les plus consultés