MOTO | A New Kind of Ride

Ce matin, mon ami Pierre m'a textée comme il le fait - ou je le fais - de temps en temps. Je marchais, or je l'ai appelé plutôt que lui répondre par écrit. "Es-tu partante pour une ride moto en fin de journée? What time can you get off work?" En fin de journée, j'ai donc enfourché une monture bien différente de mon Marinoni : une BMW. 

Mais j'ai failli loupé ma chance de rouler en motard. Parce qu'aujourd'hui, j'ai eu beaucoup de mal à passer à travers la journée. Et, en quittant plus tôt au travail, j'ai averti mon ami que je n'étais pas assez en forme finalement... Coudonc, qu'est-ce qu'il s'est passé?! 

Je "backtracke", comme l'aurait dit ma gestionnaire à la job. 

Ce matin, je marchais au moment de recevoir une invitation qui ne se refuse pas. Je me dirigeais vers la Station W boire un 3e café, semi-comateuse malgré les 2 premiers ingérés. La veille, je n'arrivais pas à dormir et j'ai cru judicieux d'avaler non pas un comprimé de Bendranyl soporifique mais deux. 🤦 Erreur monumentale! Car au réveil, ce n'est pas un seul café supplémentaire qu'il m'a fallu, mais une cafetière au complet. Et encore, l'effet de somnolence ne s'est jamais complètement dissipé - raison pour laquelle j'ai abrégé mes souffrances en terminant le boulot hâtivement, vers 15 h. 

Mais POURQUOI j'ai embarqué sur une moto dans cet état? Et pourquoi, bande de chenilles, est-ce que j'ai eu tant de mal à dormir? Pour la même raison : my mind was racing, and I needed a break from it. 

Je suis un hamster. Non seulement, on me disait que j'en avais les bajoues quand j'étais jeune, mais j'en ai assurément le tempérament anxieux. Et, hier soir, je suis rentrée d'une soirée hyper relaxe l'air confiant avec 10 000 préoccupations qui m'attendaient sur l'oreiller. 🤦 Facque pour tuer mon hamster qui court et pouvoir enfin dormir, je me suis à grand tort prise pour une pharmacienne : 2 Benadryl avec somnolence, et hop! (Ne faites jamais ça.)

Mais bon, je ne voulais pas rester comme une loque dans mon lit en proie à mes pensées de rongeur non plus. 🤷 J'ai décidé de tenter le coup quand même en rejoignant Pierre à la dernière minute. Je me suis agrippée très fort à lui pour ne pas tomber endormie. 

On a roulé toute la soirée. Le décor a fini par arrêter de louvoyer, et j'ai vécu un moment de plénitude extraordinaire...

Ce n'était pas ma première fois en moto. Mais bon, Pierre, en bon directeur de tournée organisé, m'a tout de même envoyé un code vestimentaire. 🤦 Je suis arrivée chez lui, rouge aux lèvres et fard à joues avec mon jean et ma blouse de voile noir. "Ouh, you rock, mon amie." Bof, c'était surtout pour camoufler mon air de zombie drogué aux antihistaminiques, ce barbouillage de face. J'ai enfilé le manteau de cuir de sa mère et le casque passager - thank God, les deux me faisaient. 

On est partis en pas-trombe-pantoute s'empêtrer dans le trafic de Sherbrooke pour prendre le pont Jacques-Cartier. Meh! Puis, on a viré sur la 132. Déjà, ça d'améliorait. On a fait un arrêt sur le bord de l'eau vers Brossard, où j'ai fini par vomir mes inquiétudes de boulot. On est repartis sur un câlin : Merci, ça m'a fait du bien, je n'en parlerai plus (et j'ai tenu parole). Cap vers St-Philippe, voir la soeur de mon ami-voisin. 

On est débarqués chez La Sage - charmant personnage, la frangine. Le beau-frère et l'endroit aussi. Mais euh, ils ont combien de voitures...?! "Ha! Ha! Le chum de ma soeur est mécano", qu'Il m'a dit. Ah, OK. "Et toi, tu fais quoi?" m'a demandé La Soeur. Ish, la question à 1000 piasses. 🤦 "Ma soeur travaille pour IBM", qu'Il m'a dit. Aaah, OK : en référencement Web des contenus. "Tu connais la méthode agile?" Ha! Ha! Mets-en. Pis on s'est mises à jaser comme des pies, easy as pie. 

"Je pense que ma sœur t'a aimée." Eh ben! c'est réciproque. 

La soeur, la ride... Wait! Je backtracke encore.

Pierre, c'est mon ange. L'ami d'amie qui gardait l'ami de mon fils la première fois (et seule fois) qu'on a fait un anniversaire commun à mon fils après la séparation, le père et moi. Pff! Idée de chenille. Je capotais ma vie, pour faire changement. Pierre est débarqué comme tombé droit du Ciel et, même s'il ne me connaissait ni d'Ève ni d'Adam, il m'a assistée tout le long de la fête. Je lui ai dit au revoir en lui donnant le gâteau et un sobriquet : Mon Ange. Après, on s'est perdus de vue un bout, puis on s'est retrouvés. C'est souvent comme ça avec Pierre puisqu'il voyage beaucoup. Mais quand il est à Montréal, il habite près de chez moi. Ces temps-ci, je l'appelle presque aussi souvent que j'appelais ma best quand j'étais enfant. Mon fils, lui aussi, est fan. 

On repart donc de St-Philippe vers Hemmingford chasser le coucher de soleil. J'ai reçu le texto que j'espérais, du coup je suis de plus relaxe. Pierre pousse la machine : 100, 120, 180 km/h. Je suis devrais peut-être avoir peur, mais je me sens en symbiose avec l'environnement. Pas stressant pantoute, je suis comme un poisson dans l'eau à cheval sur une bête de ferraille derrière mon chevalier drummer. Il rocke, mon ami. 😊

Faire de la moto, ça ne s'explique pas. Ça se "feele". And THAT'S something my sensitivity is good at! Surtout que ça parle au diable, le bike, dans mon oreille de fille-oiseau avide de liberté. 

🎶 Fly me to the moon, and let me stay among the stars 🎶

Presque. 

J'ai vu défiler les champs verdoyants depuis le ruban d'asphalte qui rebondissait, tannant, entre les vallons de la campagne fraîche. Invincible avec mon coat de cuir et ma visière empruntés, j'étais un bonhomme Lego qui repère au nez les étables grouillant de bétail - j'adore les bêtes. Les arbres, eux, colmataient la brèche au fond du pré, où l'oeil s'égare, pour préserver l'intimité des terres agricoles chargées de leurs fruits comme une grosse madame enceinte s'exhibe. Parfois, quelques vieilles branches biscornues s'amourachaient des maisons ou de la route, l'un ou l'autre ou les deux selon leur attirance. Le soleil rougi tanguait vers l'ouest de plus en plus lourdement se drappant dans les nuages incertains de la météo du lendemain. Ce ciel irisé m'a fait me rappeler les paroles d'une chanson de : If I were a painter I would paint my reveries... Voilà. 

Et ce n'est pas tout. Non, parce que le rideau de la nuit bleu gris a fini par tomber sur ce soleil enfant qui tarde à se coucher. Mais une fois, lui, endormi et, moi, éveillée, on a pu percevoir les lucioles de la voûte céleste se pointer le bout du nez, formant peu à peu des grappes de constellations étincelantes. Sous elles, les éoliennes soufflaient paresseusement sur St-Rémi. "As-tu froid aux pieds?" Non, le moteur de la BM, lui, me soufflait sa chaleur sur mes mocassins pas moto friendly pantoute. Mais je n'étais pas pour mettre mes Gore-Tex de course en sentier accoutrée hot de même. 🤷

Je suis rentrée avec des étoiles dans les yeux, lourde d'une fatigue naturelle. Pourtant, je vous ai écrit ce billet jusqu'à tard dans la nuit en hâte de vous partager mon expérience. Je le termine ce matin, café à la main, avant d'entamer une autre journée de travail. Reposée. Prête à ré-essayer de me faire une place. 

Merci, Pierre. 

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