La Gaspésie? That's it.

Ou en tous cas, c'est ce qu'Isa aurait dit à la fin d'une activité que, moi, j'aurais entamée en chantonnant "Are you ready for this?" Parce que quand la énième pluie nous est tombée dessus, mouillant à peu près tout ce qui nous restait de sec, même moi-la-motivée, je me suis dit : "OK, là, sérieux, je veux juste sécher ma fibre plein air".

Malgré l'humidité, on s'est fait des feux pratiquement tous les soir. J'ai même développé une technique aérienne : un plancher de bois qui repose sur deux bûches-pilotis à partir duquel un four à combustion lente est érigé Ça permet de cuire les papillotes dessous, dans la braise! 😎 Inspiration? Le fromage brie qu'on enfouit dans les cendres du barbecue. 😩 À propos de nos feux de camp épiques... On nous a donné des ballots de bûches trois fois en six jours pour les alimenter - et pour nous nourrir parce qu'en fait, on avait juste un rond de cuisinière. Isa dit que les gens ont été généreux parce qu'on est des filles. Moi, je pense qu'au contraire, on torchait tellement que les autres campeurs nous faisaient des offrandes. On était, Isa et moi, des survivors de fou qui restent malgré la pluie et qui arrivent à enflammer du bois mouillé. En plus, ma ninjamie qui, le drame! avait oublié sa hache, nous faisait des copeaux au multioutil. Euh, allô?! Même les scouts peuvent aller se rhabiller

Au final, on a eu un super beau trip de rando : 4 montagnes et au moins autant de sentiers. Gaspé Nord a su en charmer une de plus et me séduire une fois de plus. On s'est restaurées commes des reines avec du homard, des crevettes de Matane et de la morue quand je n'assurais pas aux chaudrons avec, par exemple, de la ratatouille et des saucisses gastronomiques, du steak de cheval et une papillote de pommes de terre grelots ou des œufs brouillés aux porcinis. J'ai perdu notre avocat-lunch pour une tartinade de crabe en sortant mon bidon d'eau sur le mont Albert par contre. J'ai bu une Missive, de la micro Matador locale. Et on a soupé au resto sur le bord de la mer et de ses vagues qui clapotent-placotent et se bercent avant de s'endormir à la veilleuse d'un coucher de soleil le dernier soir, en mode ras-le-bol de la météo. Dans nos gamelles, quelques pièces de viande. Dans l'oeil du kodak-cellulaire de mon amie, un orignal sans panache, sept caribous maigres, un castor nageur, un campagnol coureur, de petites ombles et des oiseaux hautains comme des chats. Tous photo-mitraillés.

Surtout, on a réussi à s'endurer malgré dame Nature et ses humeurs changeantes, une microtente dans laquelle on dormait épaule contre épaule et des personnalités tout aussi différentes que complémentaires. Isa et moi, merde! on est un vieux couple : on s'adore, on se devine et on se fait chier parfois. 💖 J'ai rarement ri comme ça et depuis notre retour à Montréal, je la texte chaque jour. Elle repart jouer au soldat bientôt, et je m'ennuie déjà.

Dans ma belle Gaspésie d'enfance, j'ai renoué avec la p'tite crisse de nerd que je suis et la gazelle des bois que j'ai tendance à devenir. Il faut que je l'aime en titi, mon gars, pour accepter de vivre dans la métropole. D'ailleurs, au moment d'écrire les premières lignes de cet article-conclusion, ma chum s'achetait son café au Tim Hortons avant de reprendre la route. Bref, la boucle a été bouclée.

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