Chu pas faite en chocolat !

Samedi: je me réapproprie enfin mon vélo, abandonné chez M. depuis ma randonnée dominicale.

On m’a informée de la pluie; on m’a prévenue du froid, mais je n’en fais qu’à ma tête (de mule) et décide de couvrir la distance intervilles qui sépare l’appartement de mon copain de la maison de mon père à dos de Peugeot. J’accepte de travailler derrière un ordinateur à la ferme condition, toutefois, que mes week-ends soient actifs et dépourvus d’informatique – ou presque. J’enfile donc ma salopette de pêcheur jaune serin, en resserre la jambe à l’aide des quelques œillets ingénieusement installés, puis me vêts d’une coquille imperméable (noire). Je monte en selle sur mon rougeot. Bref, telle une Dalton à bicyclette, je fuis à cheval sur un étalon enflammé vers Impôt Net (?)

Les endorphines dans le tapis grâce à un sommeil réparateur, les yeux remplis de verts estivaux flamboyants à cause de la pluie, je jubile. Une piétonne ne peut d’ailleurs résister à l’envie d’un double thumbs up! lorsque je la croise. Moi aussi, j’aurais voulu souligner son casque de poils. Ça vaut bien les espadrilles mouillées ! Sur la route, le regard tantôt agréablement surpris, tantôt marqué d’une profonde incompréhension, tantôt parfaitement indifférent des automobiles me divertit. Fait remarquable : aucune voiture ne m’éclabousse.

Escale. Je suis frigorifiée. Un café chaud m’accueille. Bien que je ne suis pas faite en chocolat, le froid, lui, s’est néanmoins permis de mordre à pleines dents dans mes menottes. Aussi, je me recueille dans un silence singulier (de nature plutôt verbomotrice) auprès d’un filtre vieux du déjeuner et de La Presse après avoir donné et pris des (vraies) nouvelles. Une excellente chronique de Foglia sur les choix professionnels et une entrevue, meilleure encore, avec Mario Dumont et Lucien Bouchard !

Je quitte la maison familiale en début d’après-midi, gavée d’actualité, de tacos et de petites attentions. Un défi de taille me nargue : longer le fleuve, traverser le pont, sillonner les rues de Montréal et gravir la montagne, t’es pas game ! Or, ce dernier syntagme s’avère un puissant motivateur chez moi, information qui n’a d’ailleurs pas échappée à mes meilleurs amis. Où réside la difficulté, me demanderez-vous ? Dans le degré d’inclination. Je suis descendue maintes et maintes fois à Boucherville, mais jamais je ne suis remontée jusqu’à Côte-des Neiges. En outre, le grand âge de mes changeurs de vitesse m’empêche de rétrograder.

Je me lance tout de même. La bruine est encore froide, mais, cette fois, j’ai des gants.

Quarante-cinq minutes plus tard, le soleil perce et le ciel se dégage. Les rayons frappent directement mon survêtement et me sèchent gentiment. Je franchis par ailleurs Jacques-Cartier, depuis lequel un fleuve verdâtre, mais quelque indigo s'étend. Je rêve de fin de semaines à mouliner en tandem avec M. au parc Jean Drapeau… Au bout de l’île, la Ronde me rappelle par contre un compromis potentiel. Ensuite, s’érigent devant moi les gratte-ciel qui miroitent de mille feux comme des zircons dans les vitrines de Swarovswki. Quel bonheur de pédaler après la pluie ! Aucun bouchon de cyclistes ! Je prédis qu’un jour, on diffusera l’état du cyclo-traffic plutôt que celui de Métropolitain, Décarie et autres grands noms des embouteillages.

J’accoste à bon port au terme de deux heures d’orgueil. Un calme merveilleux règne dans mon 4 1/2 . J’en profite donc pour prendre une longue douche bouillante. Soupir d’aise.

Commentaires

Articles les plus consultés