Épopée... pas pire
Finalement (parce qu’on commence toujours par la fin), je faisais relâche aujourd’hui. Après ma grasse matinée, déjà, je planifiais diaboliquement un après-midi en amoureux, sans toutefois que l’un des principaux concernés n’en informé. La rédaction de mon dernier billet m’a mise en appétit pour la randonnée tant attendue. Je cherchais donc depuis, sans pourtant m’en rendre compte, un stratège pour troquer le volant de mon bel italien pour un guidon. Étant mardi, eurêka ! je pouvais emprunter le vélo d’un père au travail. J’envoie donc une missive texto à M. pour l’informer de mon agitation. Or, comme le hasard fait si bien les choses, il riposte aussitôt l’envoi confirmé : il sonne.
D’un commun enthousiasme, nous mettons le cap sur le bord de l’eau bouchervillois. «Playa de Boucherville», suggère M.
Contorsion ultime : discipliner mon amant et l’asseoir sur le banc arrière de la Maxima. Des perles de sueur accrochées au front, nous lui permettons de voyager sans sa ceinture. Libéré d’une étreinte forcée des portes, nous lui présentons son compagnon du jour : le Ti-Noir, sorti de sa tanière juste pour l’occasion.
Surprise ! Le cadre du noiraud paternel s’agence joliment à mon rougeot puisque c’est également… un Peugeot. Le champ de ma mémoire borde mon crâne de pariétal à occipital et de frontal à temporal d’une terre riche en oublis, car j’ai moi-même chevauché cet hybride durant quelques années. En fait, Papa et moi avons échangé de monture officiellement quand j’ai quitté le domicile familiale. Or, je m’étais depuis belle lurette approprié son vélo de route. D’ailleurs, je me rappelle ma toute première montée… Je ne touchais pas à terre (littéralement). Dépourvue d’une chaîne de trottoir pour y poser le pied, je ne pouvais donc arrêter. J’ai néanmoins eu le coup de foudre pour ses grandes roues fines, ses pneus minces et striés, sa selle ferme et étroite… De plus, avec ma découverte des courbures d’un bélier et de la position aérodynamique d’un routard, mes engourdissements aux mains s’en sont allés. Ne restait alors que le plaisir de rouler.
À propos, en route pour le board walk asphalté (mais cyclable). Mon demi-frère sort, son long board sous le bras, pour yo ! se rendre au cégep.
Je m’élance, attirée par l’attraction du fleuve magnétique, M. à mes trousses. Un « combat sans merci » avec le pédalier, me précise-t-il. Nous dévalons de Montbrun après « l’avoir cru » (les initiés décodent sans doute l’allusion). Je laisse libre cours à synergie entre roues et longue pente douce. Or, M., lui, doit garder le rythme pour se mettre au pas. Rires. Je lui explique que non seulement mon amant dépasse-t-il son compagnon de quelques têtes, mais qu’en plus, le diamètre des roues ajoute à l’efficacité d’un coup de pédale. Bon joueur, il décide de persévérer. Je réfrène mes ardeurs, assujettie par l’amour.
- C’t’apprécié.
Sur notre chemin, la population sylvestre se bouscule pour nous saluer, comme les gens au Tour de l’Île. J’en profite pour étaler ma confiture de maigre culture en identification des arbres. D’accord, je dois admettre que la plupart de mes connaissances proviennent de l’enseignement que les enfants de la base de plein air où je travaille occasionnellement m’ont dispensé et de mes apprentissages faits à l’arborium de Lachine que je fréquente de temps en temps. Cependant, je partage volontiers mon savoir avec qui le veut (et qui ne le veut pas). Pour se venger, M. me pointe les innombrables maisons dans lesquelles il a installé un cinéma maison. À chacun sa manière d’écoeurer son prochain.
[À suivre…]
D’un commun enthousiasme, nous mettons le cap sur le bord de l’eau bouchervillois. «Playa de Boucherville», suggère M.
Contorsion ultime : discipliner mon amant et l’asseoir sur le banc arrière de la Maxima. Des perles de sueur accrochées au front, nous lui permettons de voyager sans sa ceinture. Libéré d’une étreinte forcée des portes, nous lui présentons son compagnon du jour : le Ti-Noir, sorti de sa tanière juste pour l’occasion.
Surprise ! Le cadre du noiraud paternel s’agence joliment à mon rougeot puisque c’est également… un Peugeot. Le champ de ma mémoire borde mon crâne de pariétal à occipital et de frontal à temporal d’une terre riche en oublis, car j’ai moi-même chevauché cet hybride durant quelques années. En fait, Papa et moi avons échangé de monture officiellement quand j’ai quitté le domicile familiale. Or, je m’étais depuis belle lurette approprié son vélo de route. D’ailleurs, je me rappelle ma toute première montée… Je ne touchais pas à terre (littéralement). Dépourvue d’une chaîne de trottoir pour y poser le pied, je ne pouvais donc arrêter. J’ai néanmoins eu le coup de foudre pour ses grandes roues fines, ses pneus minces et striés, sa selle ferme et étroite… De plus, avec ma découverte des courbures d’un bélier et de la position aérodynamique d’un routard, mes engourdissements aux mains s’en sont allés. Ne restait alors que le plaisir de rouler.
À propos, en route pour le board walk asphalté (mais cyclable). Mon demi-frère sort, son long board sous le bras, pour yo ! se rendre au cégep.
Je m’élance, attirée par l’attraction du fleuve magnétique, M. à mes trousses. Un « combat sans merci » avec le pédalier, me précise-t-il. Nous dévalons de Montbrun après « l’avoir cru » (les initiés décodent sans doute l’allusion). Je laisse libre cours à synergie entre roues et longue pente douce. Or, M., lui, doit garder le rythme pour se mettre au pas. Rires. Je lui explique que non seulement mon amant dépasse-t-il son compagnon de quelques têtes, mais qu’en plus, le diamètre des roues ajoute à l’efficacité d’un coup de pédale. Bon joueur, il décide de persévérer. Je réfrène mes ardeurs, assujettie par l’amour.
- C’t’apprécié.
Sur notre chemin, la population sylvestre se bouscule pour nous saluer, comme les gens au Tour de l’Île. J’en profite pour étaler ma confiture de maigre culture en identification des arbres. D’accord, je dois admettre que la plupart de mes connaissances proviennent de l’enseignement que les enfants de la base de plein air où je travaille occasionnellement m’ont dispensé et de mes apprentissages faits à l’arborium de Lachine que je fréquente de temps en temps. Cependant, je partage volontiers mon savoir avec qui le veut (et qui ne le veut pas). Pour se venger, M. me pointe les innombrables maisons dans lesquelles il a installé un cinéma maison. À chacun sa manière d’écoeurer son prochain.
[À suivre…]
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